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Fable 11.	Les deux ministres

Deux ministres œuvraient, l'un aux anciens combattants, 
l'autre aux deniers publics. 
Celui-là, fier d'un destin si brillant, 
ne se prenait pas pour le dernier des loustics.
Il parlait d'un ton hautain 
et traitait son collègue avec dédain. 
Advint une chute des sondages, 
la rue changea d'opinion. 
Au gouvernement elle criait : "Dégage,
on veut du pognon !"
Le ministre des finances
fut conspué pour son intransigeance. 
Attaqué par la presse, le pauvre soupire :
"Quelle injustice dans tout ce que j'ai lu.
Les journaux disent de moi le pire, 
alors que le ministre en charge des poilus
n'est sous le feu d'aucune critique.
- Confrère, lui dit l'interpelé, rien là d'illogique,
il n'est pas toujours bon d'être aux premières loges.
Si tu n'avais servi comme moi que de petits rentiers,
tu n'entendrais aujourd'hui que des éloges : 
plus on monte, moins on reçoit de pitié." 

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