Le patron dit un jour : "Que chacun de mes employés vienne défendre sa cause dans mon bureau. S'il ne peut justifier pourquoi il est payé, il ne fera pas dans mon entreprise de vieux os. Vous, le commercial, présentez-vous en premier, je doute fort qu'à cet exercice vous vous rétamiez." "Moi ? fit le VRP. En effet, comment pourrais-je ne pas répondre à vos critères ? Je suis de tous les salariés celui qui allège le plus votre fardeau et fait entrer des affaires. Mon travail est irréprochable, je ne pense pas que puisse en dire autant la comptable." Interloquée, celle-ci déboula comme en transe, brandissant tous ses livres et tous ses tableaux. Elle détourna l'attention vers son camarade des finances qui selon elle laissait couler l'argent à flots. Le susnommé, on le devine, ne supporta pas la critique. Il la transmit comme une patate chaude au responsable technique. Qui lui-même ne voulut rien savoir : "Si dans cette boîte y'en a un qui bosse, c'est bien moi. Je voudrais vous y voir, pas un jour sans qu'on tombe sur un os. D'ailleurs, sans moi, vous n'auriez rien à vendre." En sus, l'homme en bleu ne se gêna pas pour dire pis que pendre du col blanc qui dirigeait la com. Lequel fit à son tour beaucoup de vent et choisit comme bouc émissaire un certain Tom qui gérait le personnel sans prendre de gant. De dépit, le patron les fit taire : ils se conspuaient tous, chacun content de soi, traitant l'autre de fou. Car tous autant que nous sommes, jaloux de nos rivaux, aussi fiers que vains, nous nous pardonnons tout, rien aux autres hommes. On se voit d'un autre œil qu'on ne voit ses voisins, surtout ceux qui pourraient nuire à notre carrière. Devant le moindre jury, si ce n'est pas du tout cuit, nous plaçons nos défauts derrière, et devant… ceux d'autrui.
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